Courteline. Saynètes

Courteline. Saynètes

Deux hommes, des comédiens, qui sait? se retrouvent dans une pièce. L'espace est vide, à l'exception de trois meubles, indispensables dans n'importe quel salon du 19ème: un piano et deux armoires. Des armoires qu’on n’ouvrira pas, comme

dirait Bachelard, sans tressaillir un peu…

Georges Courteline (1858-1929) est aujourd‘hui considéré comme l'un des rois du vaudeville. Pourtant, de son temps, au Théâtre-Libre d'Antoine, il côtoyait les Ibsen, Strindberg, Tolstoï, Zola et autres dans un mouvement révolutionnaire, le réalisme, qui donnera naissance au théâtre moderne. Son regard acerbe - quoique indulgent - sur l'incommunicabilité humaine fait de lui, à juste titre, un précurseur du théâtre de l'absurde.

La bêtise et la méchanceté sont les thèmes principaux de l’oeuvre, en l’occurrence vaste, de Courteline. C'est en particulier par les Saynètes qu'il réussit à peindre d’un trait rapide et précis les esquisses des petites misères de la vie quotidienne. Le terme «saynète» vient de l’espagnol et désigne une courte pièce comique. Ainsi, tantôt émus, tantôt étonnés, tantôt horrifiés, nous observons les démêlés de ces braves gens qui ne comprennent ni le monde, ni leurs semblables, ni eux-mêmes. Et la question demeure: pourquoi en rions-nous?

Jean Flammang est surtout connu pour ses scénographies qu’on pourrait définir à juste titre comme de véritables mises en scène de l’espace. Il n’est donc pas étonnant que la mise en scène le tente. Il revient au TNL après Une chemise de nuit de flanelle (2008) pour y créer à nouveau une œuvre sûrement décapante.